I've been flying
surnommé stark Ψ de son vrai nom nate k. bonham Ψ âgé de 23 ans en réalité et de 21 ans en apparence Ψ né le 16 mai Ψ a une préférence pour la cité yubaba Ψ travaille comme alchimiste Ψ contrôle des métaux [Capacité à modifier selon sa volonté les états et aspects des métaux (forme, solidité, température, couleur, etc.) au moindre toucher. Tout objet/personne contenant une part d'un quelconque métal verra donc ce pourcentage être soumis à sa volonté. Le volume de la matière et sa durée dans le temps dépendront directement de l'énergie de Stark.] Ψ également à venir

I've been falling
pseudonyme blue Ψ âgée de 20 ans Ψ tombée sur SK par top site Ψ pense améliorer le forum en le faisant moins rose Ψ a lu qu'il fallait pas de lignes minimum

Oh, father of the four winds, fill my sails, across the sea of years
Tu sais, c’était un artiste, un vrai. Un putain d’artiste avec ses mains colorées, avec ses sourires confiants et la peinture qui ruisselait en trainées colorées sur ses joues et sur sa peau trop pâle. Il repeignait les murs de son ombre, il remplissait les pièces de ses cris et il entassait sur les souvenirs des toiles déchirées, des couches d’argiles qui faisaient pression jusqu’à engourdir l’âme et le cœur.

Le rideau tombait toujours sur la scène sans que personne ne fasse attention à lui. Jusqu’à ce que les lumières se rallument et qu’on voit sa longue silhouette, plus d’un mètre quatre-vingt et la chevelure parfois noire, parfois verte, parfois dorée, parfois bleu (bleu, souvent bleu, il aime le bleu, il a aimé le bleu et ça ouvre des plaies qu’il adore gratter, encore et encore). Jusqu’à ce que les regards tourbillonnent et vrillent ses yeux azur, son visage ivoire et ses sourires empoisonnés.

Il aimait cette impression, il aimait la perplexité, l’incompréhension qui arrivait en vague et s’égrenait au rythme de sa voix quand il expliquait que tout ça, c’était grâce à lui et que les figurines qui dansaient n’avaient d’âme et de vie que s’il leur offrait un endroit où reposer leur folie. Il ricanait quand on ne comprenait pas et souriait, souriait, jusqu’à ce que son visage maigre semble illuminé d’une folie furieuse, d’une rage brute qui lui faisait murmurer des insultes et paroles qu’il finissait toujours par regretter.

On le disait malade, on le disait malade, ça, oui, prêt à s’effondrer à tout moment et à laisser mourir son cri de souffrance sur la scène illuminée par les couleurs et les lumières. Mais il ne flanchait pas, il trainait juste sa silhouette osseuse un peu partout, à peine soixante kilogrammes de chair affaiblie et amoindrie, jusque dans les loges, jusque dans le public, en laissant sur son passage l’odeur lourde de la cigarette.

Ceux qui le connaissaient souriaient d’un air un peu douloureux, pitié mélangée à l’affection, quand on leur parlait du gamin paumé qui venait toujours pourrir l’ambiance. On chuchotait que les grandes fleurs bleues qui s’épanouissaient à ses bras trouvaient leurs racines dans les seringues qui s’éparpillaient dans sa loge et que son sommeil le rattrapait seulement quand tout était recouvert d’une poussière blanche et légère. On disait beaucoup de choses, au fond, sans élever la voix, sans laisser les mots le traverser. Il avait l’air si fragile, déjà, des miettes de raison qui s’éparpillaient à chaque jour qui passait.

Tu sais, ça reste un artiste. Il s’énerve toujours trop facilement, distribue le mépris comme autant de présents et choisit avec soin ses fréquentations et ses rares moments s’épanouissements. Il a toujours dans le cœur ce sentiment d’inachevé, cette paix qu’il ne peut trouver qu’avec lui-même et qu’avec les reliefs des matières qu’il polit et auxquelles il donne vie.

Il a perdu de sa tristesse en chemin, a disséminé son chagrin ci et là pour ne plus en voir le visage hideux. Il a gagné les gallons de sa raison contre sa vie d’humain, sa vie pathétique et misérable et triste, triste mais si belle dans son imperfection. Aujourd’hui, encore, il repense aux cendres et aux couleurs, à la poussière d’étoiles et aux mots gravés sur la chair. Mais le Ciel a englouti son passé, a emporté Nate pour ne recracher que Stark.



My Shangri-La beneath the summer moon, I will return again
du sel sur nos plaies

Jeune, il aimait regarder les acteurs qui défilaient et qui revêtaient leurs costumes. Ils prenaient d’autres visages, d’autres voix, ils devenaient tout simplement autres pendant qu’il les regardait, émerveillé et fasciné par toute la joie et la douleur qui arrivaient en vague depuis les estrades lumineuses.

Alaizabel lui semblait toujours plus brillante, plus jeune, quand elle mettait l’un de ses sublimes masques et que sa voix pleine et claire récitait les vers. Elle ne l’avait jamais autorisé à l’appeler mère ni maman, ni rien, de toute façon, il ne l’appelait tout simplement pas parce qu’il avait souvent l’air d’un fantôme, dans le théâtre, à observer ici et là alors que personne ne s’occupait de lui. C’était une habitude, c’était un petit secret entre lui et le public qui le voyait parfois faire une pirouette ou deux avant que les vrais n’acteurs n’entrent.

du sang sur nos peaux

Les premières fois, c’était pour rire. C’était comme un jeu, ils avaient à peine 16 ans et avaient toujours rêvé de prendre la relève des grands. Ils avaient placé les masques, avaient franchi le pas et avaient joué la pièce, des rires cachés sous les éclats de voix et des étoiles dans les yeux. C’était sans pareil, c’était beau et grandiose, mieux que toutes les drogues, toutes les pilules, toutes les félicitations et tous les mépris négligemment jetés par des adultes qui ne les regardaient même pas.

Ils avaient construit leurs jeunes esprits entre les répétitions des textes, détruit leurs corps entre les draps sales et les placards obscurs, enterré leurs vies avant l’heure en fermant les yeux sur la réalité et se jetant de la poudre aux yeux, le temps d’un acte, deux, trois et au fond, d’années entières.

Et puis ça durait, durait, le temps les rendait plus assoiffés de reconnaissance, de rôles, d’expériences. Et les portes s’ouvraient, enfin, enfin, ce n’était pas grand-chose mais ils pouvaient décoller et ouvrir les ailes de leur cage dorée.

Quand on lui permit de jouer et qu’on refusa Hela, il hésita mais partit sans se retourner.

de l’acide dans nos larmes

Il avait l’impression d’être vide, de sonner creux. C’était morne, sans elle, c’était des pièces sans saveur et son jeu s’en ressentait. Il n’avait aucune valeur sans elle, il le hurlait, le criait et finissait par s’enfermer dans les coulisses, les mains tremblantes et le corps agité.

Quand il disait qu’elle lui manquait et qu’il en avait désespérément besoin, personne ne savait s’il parlait d’elle, de cette fille qu’il avait abandonnée pour son succès ou de son amante la plus passionnée, qui se cachait dans ses vêtements et dans son sang, la seule capable de calmer ses angoisses.

Il avait envie de tout abandonner mais ne le pouvait pas, la scène, c’était tout ce qu’il avait, les rideaux qui tombaient, se relevaient et les yeux brillants de ceux qui attendaient leur part de rêve.

Nate Bonham faisait sa dernière performance une nuit de septembre.

de l’amertume dans nos sourires

Les secondes marchaient au ralenti, les minutes explosaient en cendre dans sa bouche, à chaque respiration, à chaque inspiration et ses mains meurtries, son esprit à la dérive créaient chaque jour des décors plus beaux, plus sombres, plus douloureusement familiers chaque jour qui passait.

Entre ses mains d’artiste naissaient des univers entiers, prenaient vie des matières jusqu’alors mortes et on avait beau dire, murmurer et craindre, c’était son œuvre qui permettait à toutes les ridicules poupées qui jouaient sur scène de briller ne serait-ce qu’un peu.

Il avait 20 ans quand il apprit que Hela avait disparu, des années et des années plus tôt (il a compté, c’était une date douloureuse et il l’a enfouie dans sa mémoire).

de la glace dans nos étreintes

La lettre était arrivée un jour, posée sur la table de chevet et il l’avait d’abord ignorée. Quelques jours, de doutes, de flou, de questions demeurées depuis en suspens. Ses yeux avides s’y étaient finalement greffés et les idées avaient virevolté dans sa tête. C’était l’occasion de poser son dernier acte, de clôturer sa dernière scène sur un grand feu d’artifice.

Le théâtre de son enfance s’était rapidement embrasé, avait laissé sur sa langue un gout de cendre et de sombre satisfaction. Il avait pensé, alors, que c’était sa plus belle œuvre pour s’en aller.

Aujourd’hui, il le pense encore.

de la chaleur dans nos folies

Les Royaumes des Cieux avaient des airs de conte de fée, ressemblaient aux délires qu’il avait, parfois et qui le laissaient grelottant et étrangement insatisfait. Sous ses yeux tour à tour émerveillés, terrifiés, angoissés, sublimés, il pouvait voir des rêveries devenir réalité et des regrets s’enfuir dans les airs, pour exploser derrière ses paupières closes.

Ses mains se faisaient avides, chercheuses, sur les étendues brillantes et lisses qu’il façonnait et l’impression de revenir à la maison, même en ayant tout quitté, le remplissait d’une féroce satisfaction. Il demeurait artiste, artisan d’une nouvelle vie qui s’offrait à lui et qui plaçait entre ses doigts un pouvoir infini et sublimé par son imagination fertile.

Quand il crée, crée, crée, quand le monde autour de lui se déchire et se délie, quand les voix s’élèvent et retombent, quand le monde risque de tomber dans le chaos et les ruines, il se contente de se boucher les oreilles et les yeux et le cœur et de voir, à nouveau, derrière ses paupières clauses, les lignes des formes qu’il grave de ses doigts agiles, le cœur en peine et les espoirs restés depuis lors comme une fleur écarlate sur ses paumes.