C’était aux débuts d’Antalis. Quelques années, tout au plus, s’étaient écoulées depuis que les premiers arrivants avaient foulé son sol. La vie se construisait, petit à petit. Et au sein de la porte d’Athéna, des enfants disparaissaient. La nuit tombée, les parents vivaient dans la peur. Ils ne pouvaient rien faire et il arrivait même que leurs enfants qui dormaient dans la chambre d’à côté n’étaient plus là le matin venu.

Un vrai vent de terreur soufflait sur la cité entière. Dans les autres niveaux, on craignait la même chose. Mais étrangement, le ravisseur ne changeait pas d’endroit. Et des mesures étaient prises. On essayait de le rattraper, de le prendre sur le fait. Mais des enfants disparaissaient toujours, sans que personne ne soit jamais arrêté.

Alors il décide de faire quelque chose. C’est tout ce qu’il peut faire, en fait. C’était un magicien à sa manière, il faisait de ces tours qui amusent les enfants. Il était toujours un peu décalé, un peu étrange. Mais il tenait à la cité, il ne voulait plus voir ces crimes perpétrés. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était surveiller, sans relâche, la place. C’était vérifier que personne ne rôdait. Il en offrait sa propre vie, ne se préoccupait de rien d’autre. Et les disparitions diminuaient.

Aujourd’hui encore, on ne sait pas à quoi cela tenait. Mais elles finirent par disparaître. Des nuits se passèrent sans que rien n’arrive et il restait toujours là, à surveiller. On alla l’approcher, un jour, pour le remercier. Pour lui dire que ce n’était plus la peine de rester là, immobile, à monter la garde.

Il n’était plus humain. Tout avait gelé, chez lui. Il s’était transformé en statue, était devenu pierre pour poursuivre sa tâche jusqu’au bout. C’était de la magie, de la sorcellerie. Cet homme avait offert son âme pour veiller sur eux, éternellement. On l’appela le Sorcier. Et depuis, sa statue demeure, entourée par les étoiles.