A Antalis depuis 16 ans

Tu es née dans un palais près d'ici...

« Ma chère maman m'a toujours dit que j'avais du sang royal dans les veines, que j'étais une princesse qui un jour rencontrerait le prince de charmant. Enfant, j'y croyais dur comme fer, tout comme je crois aux légendes d'Antalis. Et rien a changé. On me dit que c'est débile, que je devrai avoir d'avantage les pieds sur Terre. Mais nous ne sommes pas sur Terre. Je n'y ai même jamais posé le pied. Je suis Amélia Primrose, fille d'Antalis. »

Enfant, Amélia pleurait tout le temps. Du moins, elle pleurait dès que sa mère n'était pas près d'elle. Il y avait un amour inconcevable entre ces deux là. Jusqu'au jour où Pheonix fut dévoilée au grand public. La famille Primrose a toujours été dévouée à la société. Monsieur et Madame Primrose avaient échappé à la misère en venant sur Antalis, ils lui devait tout. C'est pourquoi les parents d'Amélia furent dans les premiers à demander la puce. Les premiers mois, tout se passe à merveille, ils étaient enchantés du résultat. Et puis un matin, Madame Primrose perdit le contrôle. Elle ravagea tout chez elle, hystérique, incontrôlable. Puis elle tomba. Son corps avait lâché. Monsieur Primrose se dépêcha d'appeler l'hôpital, mais les docteurs conclurent à la mort de sa douce femme.

« Dis Amy, c'est vrai que t'as plus de maman ?

▬ Voyons ma puce, ce n'est pas un sujet qu'il faut aborder à la lègère, coupa la maîtresse, Amélia a très mal vécu la mort de sa maman, et ne veut surement pas y repenser.

▬ Maman n'est pas morte ! Vous dites n'importe quoi ! Maman est juste redescendue sur Terre pour voir Mamie Granny !

▬ Amélia que dis-tu ? Tu sais très bien que ta maman est partie au ciel, rejoindre les fondateurs d'Antalis.

▬ Vous êtes une menteuse ! C'est mal ! Maman n'est pas au ciel ! Elle est sur Terre ! »

Amélia partit en courant de l'école. Son cerveau avait occulté la mort de sa mère. Elle s'égara dans les rues de la Porte d'Hermès. Maman n'est pas morte. Maman n'est pas morte. Elle traversa une porte, elle ne pensait plus au système. Elle ne pensait plus à rien. Elle tomba devant une grande vitrine où des princesses arboraient de magnifiques coiffures. Elle entra en toute discrétion. Pas dupe, la très belle dame qui tenait le salon la laissa faire sans rien dire, gardant un oeil sur elle. Amélia découvrait un salon de coiffure. Son tout premier. Avant, c'était sa maman qui lui coupait les cheveux et la coiffait. Mais là... Tout était rose, bleu, éblouissant, spectaculaire, lisse, soigné. Comme sa maison avant l'incident. Celle-ci n'avait pas été rangée depuis la crise de sa mère. Tout était beau. Fascinant. Elle s’essaya sur un petit coussin rose et admira les vas et viens de la belle dame, ses gestes, ses accessoires de travail. Elle voulait faire ça. A tout prix. Elle finit par s'évanouir sur son petit coussin, et la très belle dame appela les autorités. Amélia n'avait rien à faire dans la Porte d'Appolon, elle qui venait de la Porte d'Athéna.

Année 2500.
Amélia a aujourd'hui 16 ans. Elle ne va quasiment jamais en cours, et intercepte les messages d'absence qu'on envoie à son père. Elle n'a pas de dialogue avec celui-ci, si ce n'est pour parler du magasin, de la nouvelle collection, des vêtements. Elle lui cache sa passion pour la coiffure. Elle va dans son dos faire sa publicité dans d'autres portes, et coiffe quiconque le souhaite là où elle peut : chez les clients dans le cas où ils habitent une des portes où elle a libre accès, chez elle quand son père est absent, et si aucune des deux possibilité ne peut se faire, elle demande à une amie de lui prêter sa salle de bain, le temps de quelques heures. Elle ne veut qu'une chose : ouvrir un jour son propre salon de coiffure. A côté de ça, il y a sa relation particulière avec les garçons. Elle cherche le prince charmant. Des garçons l'abordent, la draguent, elle est très jolie après tout, mais elle les repousse, aucun d'entre eux ne peut être le prince dont sa maman lui parlait. Ah, sa maman... Elle n'admet toujours pas sa mort. Elle va même jusqu'à s'envoyer de fausses lettres, soi disant écrites par sa mère, pour prouver qu'elle est en vie, sur Terre.