I ▬ Select your Player.
Nowadays ; 26 ans ; Antalis, Porte de Déméter.
Tapis dans l’ombre, le soldat attend accroupi. Sa respiration est lente, presque silencieuse, mais les battements de son coeur sonnent comme des tambours à ses oreilles. Il ferme les yeux, regarde dans le rétroviseur d'une voiture cassée juste en face de lui pour voir l'ennemi arriver. Il attend le moment où, à son tour, lui aussi devra aller à l'encontre de l'ennemi. Le moment est intense, tellement qu'il aurait pu en mourir. M'enfin bon, ce serait quand même regrettable de crever dans un tel moment de gloire. Bref. Ca approchait, il le sentait. Le bruit d'un pas et tout se déclenche. Aussi habilement qu'un lion chassant la gazelle dans les plaines sauvages de la savane africaine le soldat bondit de sa cachette, arme parée et dans un élan héroïque et fort il –
Bziit.« PUTAIN QUI A ETEINT LE COURANT. MUM’S, RALLUME !! NAAAN, J’ETAIS AU BOSS FINAL BORDEL DE MEEEEERDE. »
Dans un élan de colère et de frustration noire, un jeune homme de la vingtaine, blond très clair, des yeux vert émeraude, d’une assez grande taille fait traverser la manette qu’il tenait si férocement entre ces mains, lui faisant faire terminer sa course contre la porte de sa chambre. Deux bonnes minutes après il continuait encore à geindre et à maudire ces pannes de courant incessantes, presque sur le point de pleurer et en serrant les dents comme si sa vie était désormais un échec.
Sinon, voici Leslie Oliver Leister, Anglais, 26 ans, non-marié, sans enfants et qui vit toujours chez sa mère à Antalis depuis qu'il est arrivé il y a trois ans. Il a grandi et a vécu dans une petite banlieue londonienne jusqu'à il y a quelques années de cela avec sa famille, se composant de sa mère Keri, son beau-père Phil, sa grande sœur Lizzy et son petit demi-frère Ed. Il n’était pas vraiment doué à l’école et arrêta ses études à 17 ans, cherchant alors directement du travail. De plus, ce n’était qu’un gosse mi-racaille mi-geek. Effectivement, on le retrouvait toujours couvert de blessures ou trainant dans des endroits pas très squattables en soi avec des personnes pas tout à fait fréquentables non plus. Oh on va dire qu’il aimait juste se battre, les jeux vidéos ça monte vite à la tête en fait hein.
Dans la vie siiii passionnante de cet homme, qui-déteste-qu’on-l’appelle-par-son-prénom-et-qui-préfère-le-surnom-LOL, eh bien en fait il y a vraiment de l’action. Je vous ai entendus souffler « LOL » entre vos dents. Mais pas de moqueries avant d’avoir écouté… l’Histoiiiiire.
II ▬ Like Video Games.
10 years before ; 16 ans ; 1ère année lycée.
Comme d’habitude, le blondinet avait une dégaine incroyable. Percé à l’arcade et aux oreilles, il avait déjà tout de la bonne tête de délinquant fini. De plus, il avait déjà redoublé sa quatrième, ce qui ne donnait pas vraiment une bonne image de lui. Il n’était cependant pas un meneur. Nan en fait, pour tout dire, LOL c’est que de la gueule. C’est un peureux. Un trouillard monstrueux qui semble avancer fièrement mais qui en fait marche la queue entre les jambes. Cette faiblesse, la peur, le rend extrêmement maladroit – voire même carrément un boulet. Mais, dans sa malchance il a de la chance ! Oui, car cette accumulation de petits défauts l’amène à ne pas réfléchir et à agir avant. Et sans mentir, vaut mieux. Ca lui fait faire des miracles et sur le coup, ce qu’on voit chez lui comme une faiblesse devient une force. De plus, bien que son visage n'inspire pas vraiment confiance, il n'a rien de méchant. Ni vraiment de gentil. En fait, il reste plutôt neutre et se contente d'être un mouton qui, tant qu'il s'amuse, ne s'inquiète pas des détails. Certains trouvent ce comportement totalement gerbant. Pour LOL, c'est un bon moyen d'être tranquille, sans être le souffre-douleur de la bande, puisqu'il ne dit rien et ainsi profiter de ce qui s'offre à lui. Mais dans tous les cas, il n’empêche que ce gaillard n’est rien d’autre qu’une tapette trouillarde et maladroite.
Enfin outre tout ça, cette introduction caractérielle et tout, le sujet important de cette partie de l’Histoiiiire est que cette année-là fut l’année où il passa du stade racaille à voyou. La différence ? Peut-être que l’on passe dans la cour des grands. A ce moment-là, c’était son « meilleur ami » qui l’avait en quelque sorte poussé dans cette spirale infernale.
« Tu te rappelles de Hide Money 2 ? »
« Bah ouais, on a grave galéré à la fin. »
« Tu veux y jouer en vrai ? »
Une question qui pique gravement la curiosité. LOL n’avait pas tout de suite compris ce que cela impliquait. A cette époque, il était tellement naïf bien que le monde dans lequel il vivait n'avait aucune pitié. Pourtant, pris dans l’instant, il répondit évidemment oui avec enthousiasme. Ce qu’il n’avait pas vu, c’était le regard culpabilisateur de son meilleur ami quand il lui avait proposé. Pour le jeune blondinet, ça devait juste être comme dans les jeux vidéo. Oh et puis après tout il devait pas s’inquiéter, il était classé comme l’un des meilleurs.
Comme dans ces films d’action cultes, LOL était connu maintenant comme un dealeur et non plus comme la racaille-geek sans avenir.
III ▬ Life's Drug.
8 years before ; 18 ans ; Mécanicien.
Bien que ce travail soit uniquement là pour cacher d’éventuels paquets précieux, c’était surtout pour ne pas inquiéter sa Mum’ qu’il faisait ça. Passer du stade de petit dealeur à maintenant chef de contrebande, ça fait quelque chose. Cependant, dès le début, on l'avait prévenu.
« Hé gamin, retiens bien ça : un voyou, même en sommeil, reste un voyou. Tu pourras jamais quitter le milieu, pigé ? »
« Ouais, ouais, t'inquiète ! Tu me le répètes tout le temps. »
LOL venait à peine d'accéder à sa majorité qu'on l'envoyait au front. Il ne se souciait pas des avertissements du chef absolu, celui qui lui avait enseigné plus que les jeux vidéo, il n'était alors qu'un jeune voyou et ivre d'aventures trépidantes. Cette année-là, on ne vit pas beaucoup le jeune blond à la maison. Il disait faire des stages chez son meilleur ami Karl et que son père acceptait de l'héberger pendant ce temps. On haussait les épaules et on lui disait : « Va ! De toute façon t'as rien à perdre ! ».
IV ▬ Empoisoned Promise.
3 years before ; 23 ans ; Dans la navette.
Deux ans auparavant, sa famille eut la chance de pouvoir embarquer dans la navette pour aller sur cette mystérieuse cité dans le ciel qui en avait fait rêver plus d'un. Pour LOL c'était quelque chose de bien trop éblouissant pour le monde obscur où il traînait les pieds. Ils partirent tous sans lui, parce qu'à ce moment-là, il était quelque part sur la mer en train de cacher de la drogue. C'était peut-être mieux ainsi. Car après tout, il n'aurait plus jamais à mentir, à regarder droit dans les yeux sa mère et jurer que jamais il n'avait fait ci ou ça alors qu'il avait fait bien pire. Ca le tuait mais il ne pouvait rien. Le vieux avait raison, on ne peut définitivement pas se délier du milieu. L'année suivante lui fit bien comprendre chaque mot de l'avertissement qu'il avait si négligemment ignoré.
Durant cette année-là donc, son meilleur ami Karl, celui qui l'avait fait basculer dans ce monde, se suicida. Il avait laissé une lettre au jeune blond avec pour seul mot écrit dessus : Pardon. Il savait que Karl s'excusait pour ce qu'il avait fait, sa proposition alors qu'ils étaient encore des adolescents cons, c'était un peu comme l'emmener droit en Enfer. Mais il ne devait pas. Parce que c'était la faute de Leslie pour avoir si bêtement mit les pieds dans le plat. Depuis, il a arrêté la contrebande, il a refusé toutes les affaires qui s'offraient à lui et tomba dans un tourbillon infernal, l'entraînant dans l'alcoolémie. Il voulait mourir mais la Faucheuse ne semblait pas vouloir d'un truc si pourri que lui. Alors devait-il aller dans un lieu plus « pur » ? Pourquoi pas. Après tout, sa mère lui aurait dit en agitant la main comme pour le chasser : « Va ! De toute façon tu n'as rien à perdre. »
Va ? Alors j'irai. L'année de ses 23 ans, il embarqua dans l'une des navettes afin de rejoindre sa famille. Une fois arrivé là-bas, il apprit que son beau-père était mort. On lui dit alors qu'il avait tâté dans d'affaires frauduleuses. Bon après tout ça n'étonnait pas beaucoup LOL, cet homme était un vrai con. Il savait pour les activités illégales de son beau-fils et avait juste tenté de faire la même chose. Quel idiot franchement. Sa mère semblait heureuse de revoir son fils adoré mais arborait un regard soucieux. Pourquoi tant d'inquiétudes dans ce Paradis ? Il rassura sa mère et lui promit le bonheur. Il n'allait pas manquer à cette promesse cette fois. Elle serait douce et sucrée, pas empoissonnée et amère.
En plus de ça, on lui remit une puce ? Quoi, ils étaient genre des cobayes ? Enfin bref. Il n'avait pas voulu en savoir plus ça l'importait peu, il voyait juste que ça rendait sa mère heureuse et c'était tout ce dont il avait besoin. Mais peut-être aurait-il du rester à la réunion d'explication. Bah ouais parce que, du jour au lendemain, passer ses journées à geeker comme un porc en parlant avec son chat, en plus sans s'en rendre compte, c'est grave.
« Tu crois que j'deviens fou ? »
« Euh... miaou ? »
V ▬ Until The End.
2 years & 7 months before ; 23 ans ; Dans un parking, la nuit.
Mais les bonnes choses n'arrivent jamais seules. Un soir de Mars, alors qu'il garait sa voiture sur le parking, LOL se vit agresser par cinq hommes, peut-être un peu plus jeune que lui. Mais il ressemblait à des gamins insouciants. Exactement comme lui avant.
« Hé bro', tu sais un voyou, même en sommeil, ça reste un voyou ! Tu pourras jamais t'en défaire. Et comme tu le sais, la famille c'est sacrée hein ? »
Merde putain, combien de fois il avait entendu ces mots dans sa vie. C'était certainement pas des gosses qui allaient lui faire la morale ! Mais ce qui le retenait de peut-être tous les massacrer, c'était bien la famille. Ce jeune teigneux parlait aussi bien de la famille au sens propre que celle du milieu. Un frisson parcourut le dos de LOL. C'était sérieux. Le voyou qu'il était ne mourra jamais et c'est un peu comme une malédiction. Finalement, on ne peut vraiment pas s'en défaire.
Après être partis, doucement, Leslie se laissa glisser contre un mur, le regard vide. Pour aller mieux, il devait se convaincre et se dire que ça lui permettrait d'arrondir ses fins de mois. Et tout aussi doucement qu'il était tombé, il murmura pour lui-même : Menteur.